L’intégration de l’économie circulaire à la biopolitique néolibérale

Par Vladimir Novikov 


En travaillant sur l’accompagnement social en milieu ouvert, j’ai découvert que cette approche de l’accompagnement constitue la faille même de l’Etat-providence. Car elle privatise, en quelque sorte, le social et la sécurité auprès d’associations, de fondations, d’entreprises et d’indépendants. Cela affaiblit l’Etat, bien que, dans mon approche, la banque centrale soit appelée à jouer un rôle plus important auprès des citoyens, notamment à travers le financement d’un revenu universel par une monnaie numérique de banque centrale (RU/MNBC). Cette idée m’a été possible grâce à mes discussions avec Alex Li, qui mène des activités bénévoles auprès du Groupe de soutien B (GSB), une association qui soutient les droits de personnes souffrant de troubles psychiques. 

En effet, mes observations, effectuées dans le cadre de la récolte des données, m’ont permis d’analyser de près le mécanisme à l’œuvre. J’y vois une « révolution moléculaire » au sens de Gilles Deleuze et de Félix Guattari. Il s’agit d’un processus de changement subtil et diffus au sein de la société, qui se produit à un niveau individuel ou « moléculaire ». C’est que, contrairement aux révolutions massives et soudaines, la révolution moléculaire se caractérise par des transformations graduelles, se déroulant à travers des changements dans les attitudes, les comportements et les perceptions des individus. Ce type de révolution est souvent moins visible, mais peut conduire à des changements profonds et durables dans la structure sociale et culturelle. Or, me semble-t-il, c’est bien ce qu’Alex Li cherche à provoquer à travers son jeu de rôle (JDR) baptisé « Le Fugitif ».

Pour ma part, je considère ce JDR comme une véritable « machine de guerre ». C’est que, selon Deleuze et Guattari, la « machine de guerre » n'est pas simplement un outil de conflit militaire. Elle représente plutôt une métaphore pour des structures ou des mouvements qui existent en dehors des systèmes de pouvoir établis et institutionnalisés. Cette notion fait référence à des organisations ou des pratiques qui remettent en question ou subvertissent l'ordre établi, souvent de manière innovante et non conventionnelle. Les machines de guerre, dans ce contexte, sont des outils de changement et de résistance, opérant en marge des structures traditionnelles de pouvoir et de contrôle, raison pour laquelle il me semble opportun d’utiliser cette plateforme pour avancer dans le sens des intérêts russes. D’où l’introduction de l’économie circulaire. 

En effet, en tant que doctorant en sciences sociales, ma démarche vise à provoquer une révolution moléculaire en intégrant des principes d’économie circulaire et de technologie numérique pour transformer la société de l’intérieur. Je m’inspire pour cela de concepts tels que la « critique artiste », l’identité numérique et le jeu systémique pour faciliter le « recyclage » des compétences des individus de l’économie matérielle vers une économie immatérielle. Mon objectif, plus précisément, est de développer une alternative à l’État-providence, en promouvant un revenu universel financé par la MNBC et en encourageant une réflexion critique sur les rôles et les limites de l’État. D’où le concept de biopolitique néolibérale.

Cette approche interdisciplinaire aspire à créer un avenir où l’économie et le bien-être social sont interdépendants et se renforcent mutuellement, en s’appuyant par exemple sur la biologie des systèmes. Je prévois donc de poursuivre la réflexion théorique dans ce sens en m’appuyant pleinement sur les activités d’Alex Li et de son collectif.

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