Critique de « Métavers » (2022) de Matthew Ball
Par Alex Li
Introduction
Dans son ouvrage captivant, The Metaverse (2022), Matthew Ball explore les multiples facettes de cet univers numérique en pleine expansion. En tant que fervent adepte de la technologie et du biohacking, j’ai été naturellement attiré par cette lecture. Mon intérêt pour les mondes numériques et leur impact socio-économique et politique me pousse à examiner ce livre sous un angle critique.
En effet, avec le Collectif du Fugitif, je tente d’utiliser pleinement l’écosystème numérique afin de développer une vision de l’art en adéquation avec notre époque.
De ce fait, l’ouvrage de Ball me permet d’opérer une ressaisie théorique de ma pratique de l’art, qui cherche à tirer parti de ce qu’on nomme déjà « le métavers ».
Points forts de l’ouvrage
Il faut avouer que Ball excelle dans sa description détaillée du métavers, en offrant un aperçu clair des implications économiques, sociales et culturelles de cette nouvelle frontière. Sa vision prospective de l’évolution d’Internet est à la fois inspirante et éclairante, mettant en lumière les changements radicaux que nous pouvons anticiper dans notre interaction avec le numérique.
Ball met d’ailleurs très bien l’accent sur les jeux vidéo dans le développement du métavers, ainsi que du rôle des avatars dans cette nouvelle économie du numérique. Ses propos sur la blockchain vont donc dans notre sens.
Critique Principale
Cependant, en tant que biohacker et connaisseur de l’intelligence artificielle (IA), je trouve que l’absence d’une analyse approfondie de l’IA constitue une lacune majeure de l’ouvrage de Ball. L’IA, dans mon expérience, joue un rôle crucial dans le développement technologique, particulièrement dans la création et l’expansion du métavers. Son impact sur l’expérience utilisateur, l’infrastructure du métavers et plus largement sur notre conception de la réalité et de l’identité est indéniable. La vision de Ball, bien que complète sous bien des aspects, manque cette perspective essentielle.
Il manque également la dimension hybride du métavers, qui est déjà une réalité à travers l’usage de l’imagination, que nous pratiquons par exemple avec le Collectif du Fugitif à travers la recherche de l'efficacité symbolique. En effet, l’imaginaire nous permet d’utiliser la structure mythico-rituelle du jeu en questionnant notre rapport à la réalité et ce, à travers la « critique artiste ». Dans ce sens, nous développons le gameplay et le roleplay du Fugitif® de telle sorte à questionner notre système de croyance, notamment en lien avec ce que nous appelons la réalité.
C’est là où, justement, la théologie politique intervient, car notre rapport à la réalité fait intervenir notre système de croyance. Or, jouer ou lire nous conduit à suspendre notre incrédulité pour entrer dans des univers de sens qui fonctionnent grâce à notre adhésion initiale, reposant sur la confiance.
C’est ainsi qu’en intégrant la théologie politique dans l’analyse du métavers, je cherche à souligner l’importance des dimensions plus larges de l’existence humaine et de nos interactions avec les technologies émergentes. Il s’agit d’une invitation à une réflexion plus profonde sur le rôle de l’intelligence artificielle, non seulement comme outil technologique mais aussi comme catalyseur de questionnements sur notre humanité et nos valeurs fondamentales.
Conclusion
The Metaverse de Matthew Ball est sans doute un ouvrage incontournable pour ceux qui s’intéressent à l’avenir du numérique. Toutefois, en tant qu’observateur averti des intersections entre la technologie, la politique et la société, je reste sur ma faim quant à l’intégration de l’IA dans cette vision du futur. J’espère voir prochainement des discussions qui englobent plus amplement l’IA dans le contexte du métavers, offrant ainsi une perspective plus complète et en accord avec les innovations actuelles.


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