Compte-rendu de l’ouvrage d’Ali Laïdi sur la Chine
Par Alex Li
Dans "La Chine ou le réveil du guerrier économique" (2022), Ali Laïdi propose une étude approfondie sur l'émergence de la Chine en tant que puissance économique globale et examine la réaction de l'Occident face à cette montée. L'ouvrage se distingue comme la première incursion de l’auteur dans l'analyse de la Chine, après avoir précédemment concentré son attention sur les États-Unis. Il explore la réponse stratégique de la Chine aux mesures extraterritoriales américaines, en s'appuyant sur des tactiques quasi-symétriques, suite à une montée en puissance économique qui doit beaucoup à la culture stratégique chinoise, illustrées par des figures historiques telles que Sun Tzu. Cette perspective historique et institutionnelle souligne la fusion entre le civil et le militaire en Chine, dévoilant comment le pays a tissé sa montée économique avec une stratégie fondée sur la ruse.
L'auteur constate une réponse américaine plus agressive depuis 2018, sous l'administration Trump, qui a clairement identifié la Chine comme son adversaire. Cependant, Laïdi critique l'Europe pour sa difficulté à adopter une posture plus ferme, regrettant l'absence d'une stratégie d'intelligence économique européenne pour contrer les ambitions chinoises et américaines.
Toutefois, cette analyse, bien qu'incisive, est ressentie comme manquant de propositions constructives ou de visions. Laïdi est perçu comme ayant une approche quelque peu conservatrice, ancrée dans une identité politique exclusive. Cette perspective est particulièrement décevante pour ne pas suffisamment questionner ni remettre en cause les fondations de la politique internationale occidentale, qui est souvent fondée sur la désignation de "l'Autre" en tant qu'ennemi, un approche qui trouve ses racines dans la pensée de Carl Schmitt.
En outre, l'analyse de Laïdi aurait gagné à intégrer une conception psychanalytique de l’altérité. Cette perspective aurait enrichi sa lecture de la Chine en soulignant comment la Chine en tant que « grand Autre » aurait eu le potentiel de redéfinir l’identité de l’Occident. En effet, elle aurait proposé une conception plus inclusive de l’identité politique pour un Occident qui s’est principalement illustré au cours de l’Histoire par une identité politique exclusive.
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