Interrogatoire d'Alex Li
Texte fait par Marc et Dodo
Par Alexia Hoffer commissaire de police
François Martin inspecteur de police
Sarah Da Silva inspectrice de police
Interrogatoire de Mr. Alex Li.
Commissariat de la Blécherette, Lausanne.
Le 24 mai 2024, 18h.
Présentation :
Alexia : Bonjour Mr. Alex Li, Je suis Alexia Hoffer, Commissaire de Police de la Ville de
Lausanne, mon collègue François Martin, Inspecteur de Police de la Ville de
Lausanne et Sarah Da Silva, Inspectrice de Police de la Ville de Lausanne.
Pouvez-vous décliner votre identité et date de naissance SVP
merci ?
Alex Li : Je m’appelle Alex Li, je suis né le 6
juin 1982 et actuellement je suis au Revenu d’Insertion, mais je suis artiste et
chercheur en temps normal. Je suis né à Lausanne, mais je suis originaire de
Chine et du Cambodge, mes parents ont la nationalité suisse mais sont nés au
Cambodge.
Sarah: M. Li. Nous comprenons que ces circonstances
soit inconfortable pour vous, et nous vous remercions pour votre volonté de
coopérer avec nous. Nous aimerions vous poser quelques questions au sujet du
Meurtre de la Cathédrale.
Alex Li : Oui, les circonstances de ce meurtre
étaient horribles, Patrick R. était un ami à moi, un artiste vraiment
irremplaçable dans notre collectif. Vraiment, si je peux vous aider, je vous
donnerai toutes les informations dont vous avez besoin.
Le Cellier de Daaeb (François) : J’ai deux
questions à vous poser pour le 6 mars 2024 :
La première, expliquez-moi ce que c’est le cellier de Daaeb ?
La deuxième, vous travaillez sur quel jeu avec M. Dalmeck
Aras Azul Ekaitzaren Begia ?
Alex Li : Oui, je le connaît très bien, il m'as dit qu'il avait eu un interrogatoire récemment, il me semblait très stressé et j'ai essayé de la soutenir. C'est vrai que les circonstances du meurtre sont horribles, je n'aurais jamais pensé que cela aurait pu ce produire au sein du Collectif.
Dalmeck m’avait
parlé de son cellier, je sais qu’il y reçoit des gens pour, si je ne me trompe
pas, fumer du CBD. Je ne pratique pas ça personnellement et je sais qu’ils se
retrouvent parfois dans ce cellier mais je n’y suis jamais allé car je ne
supporte pas la fumée, dès que je sens cela j’ai l’impression d’étouffer.
Concernant notre
jeu, il s’agit d’un jeu de rôle qui s’appelle « Le Fugitif », et qui
unit tous les artistes du Collectif du Fugitif. Il nous permet de produire de
l’art numérique, ce qui est notre spécificité. Nous sommes d’ailleurs en train
d’écrire des statuts afin que le collectif devienne une association d’intérêt
publique, car on pense qu’il pourrait servir à la population.
Centre Universitaire Romand de Médecine Légale (CURML)
(Alexia) : Le 7 mars 2024, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous vous
intéressé à la médecine légale et à l’amulette que l’on a retrouvé sur Patrick
R. ?
Alex Li : (Rire), je ne pensais pas que cela se
saurait, car figurez-vous qu’en fait cette amulette m’appartient ! Je
voulais m’en assurer de mes propres yeux car cela était improbable que cet
objet, qui était normalement dans ma chambre, ait été dérobé et se retrouve sur
feu Patrick R. (Bégaye) j’avais tellement peur… dès que j’ai su que cet objet
était sur la scène du crime, j’étais très stressé, je ne savais pas quoi faire.
Et ce jour-là, sur un coup de tête, je suis allé au Centre de Médecine Légale.
Je n’ai pas pu y accéder, la peur m’avait paralysé devant le bâtiment, je pense
que les caméras de sécurité… je… euh… (bégaye) pardonnez-moi, c’est l’émotion…
Hôpital de Cery (Alexia) : Le 8 mars 2024, vous
êtes allées voir une personne à l’hôpital de Cery, dit-moi qui c’est ?
Alex Li : Dans notre collectif,
nous avons des artistes qui ont parfois des hauts et des bas, là on avait l’une
de nos membres qui traversait une période difficile. C’est très important pour
nous de se tenir les coudes, donc je suis allé voire cette amie et collègue,
mais je pense qu’il n’est pas nécessaire de divulguer son identité ?
Alexia : Non, pas du tout. Et
c’est la seule fois que vous y êtes allé ?
Alex Li : Personnellement je ne
souffre d’aucun trouble psychique, mais j’ai déjà travaillé à l’Hôpital de
Cery, plus précisément au bâtiment historique des Cèdres. Mais c’est la
première fois que j’ai rendu visite à quelqu’un.
Cabinet du
Psychanalyste (François) : Le 15 mars 2024, allez-vous souvent chez le
Dr Théophile Lireux, psychanalyste, pour vos troubles psy, ou pour simplement
avoir des conseils ?
Alex Li :
À la base, c’est un ami avec qui on a eu des différends car il trouve que ce
que je fais ne correspond par à la psychanalyse « orthodoxe », mais
je me suis rendu compte qu’il pouvait m’aider quand même.
François : Intéressant.
Alors vous dites que vous le voyez régulièrement en psychanalyse et
pourtant c’est l’un de vos amis. Pour des questions de déontologies, c’est tout
de même contradictoire…
Alex Li : Oui,
c’est vrai… Un jour, un intervenant extérieur a présenté une conférence à l’un
de nos « Café-Philo » au sujet de la psychanalyse de Jung. L’une de
ses amies est devenue sa psy, du coup je me disais que cela pourrait être la
même chose pour moi avec Lireux. Il a accepté, même si ça ne serait pas bon
pour sa réputation si ça se savait. Mais je sais bien que c’est inhabituel.
Je
pense que j’exerce sur lui une fascination car je pratique la
« schizoanalyse » : j’analyse les problèmes sous-jacents aux
problèmes individuels, c’est-à-dire les facteurs socio-économiques et
politiques. Il y’a don quelque chose de révolutionnaire et je me réfère souvent
au philosophe Gilles Deleuze et au psychanalyste Félix Guattari qui ont conçu
la « Révolution Moléculaire » mais cela ne se veut pas quelque chose
de subversif.
Alexia : Alors Mr. Li, parlez-nous de votre lien
avec Lausanne.
Vous y êtes ancré comment ?
Depuis combien de temps y vivez-vous ou y travaillez-vous ?
Alex Li : Premièrement,
c’est ma vile natale. C’est une ville que j’ai détestée et que j’ai aimée. Déjà
,j’étais frustré durant mes études car c’était une petite ville qui ne me
donnait pas trop de possibilités de carrière et qu’il fallait que j’aille à
Paris ou New-York, ce que j’ai fait.
Mais ensuite, quand je suis parti, j’ai
senti en moi une colère liée à la Suisse et Lausanne, et qu’il fallait revenir
pour me réconcilier avec la ville. À travers notre jeu, on numérise la ville de
Lausanne pour créer un jeu de rôle sur table et du coup, j’ai appris à
découvrir peu à peu la ville sous un autre œil.
Depuis mon retour à
Lausanne en 2014, je m’étais d’abord ancré à Lausanne par la recherche d’un
travail qui ne s’est pas passée comme prévu car le marché du travail est
difficile, raison pour laquelle je suis aujourd’hui à l’aide sociale. Mais ce
temps me permet aussi de développer mes activités artistiques, la conseillère
ORP est au courant, je fais du bénévolat et ne touche pas d’argent pour ces
activités. Certains artistes du Collectif, comme Patrick R., ont réussi à
percer, mais ce n’est pas mon cas. Cela peut susciter des jalousies, mais comme
partout c’est humain.
Mexicana
Grill (François) : Le 29 mars 2024, on vous a vu au « Mexicana
Grill » et vous avez parlé avec M. Yan Haltey, d’une « Association
Cultiver la Différence » pouvez-vous nous en dire plus dessus ?
Alex Li :
Yan Haltey est un artiste connu localement, il a réussi à vivre de son art et a
créé une association fédérative qui s’appelle « Cultiver la
Différence ». Je l’ai rencontré à l’Espace de Coworking de Beaulieu et un
partenariat s’est peu à peu mis en place entre le Collectif et son association.
Il a d’ailleurs inauguré aujourd’hui même un studio d’enregistrement pour des
podcasts ou de la musique, ce qui est très positif pour le Collectif.
Le Moxy (Alexia)
: Le 1er avril 2024, vous êtes allées au Moxy, est-ce-que c’est
un endroit où vous allez souvent ?
Alex Li :
Je suis surpris du détail que vous avez sur mon emploi du temps, ça me
questionne. Je ne me suis pas présenté avec un avocat mais j’aurais peut-être
dû… Je suis surpris de cette tournure mais je vais tout de même vous répondre.
Avec le Collectif, nous faisons du « Soft-Squatting », c’est-à-dire
que comme nous n’avons pas de locaux dédiés, nous « squattons » les
différents cafés de la ville de manière exploratoire.
François : Parfait. Commençons par quelque chose
de simple. Pouvez-vous nous parler du Collectif du Fugitif et de votre rôle au
sein de cette organisation ?
Votre quotidien au sein du groupe, c’est comment ?
Alex Li : Comme vous le savez, quand on a pas de
métier on a tendance à se lasser aller, donc j’essaie de rester actif. Bien
sûr, je recherche de travail dans le milieu social mais en même temps j’étoffe
mes activités au sein du Collectif, ce qui est du bénévolat, en proposant des événements
et sorties culturelles. Cette démarche avait commencé dans le cadre du
« GSB », qui est une association qui s’occupe de personnes ayant des
troubles psychiques, mais peu à peu on s’en est détaché pour créer le Collectif.
Librairie Payot (Alexia) : Le 3 avril 2024, Je
crois que ce n’est pas la première fois que vous voyez l’Etrangère ?
Alex Li : L’Etrangère est un membre du
Collectif, avec elle on écrit son histoire pour en faire un livre.
Alexia : D’accord. Rien de plus, vous
êtes sûr ?
Alex Li : Mmmmmmh… Non… Qu’est-ce que vous
sous-entendez ?
Alexia : Je pose juste la question…
Alex Li : Alors euh… non, rien de plus.
Sarah : (Hochant la tête doucement) Cela montre
votre passion et votre engagement. Par rapport au jour du meurtre, je comprends
que ce doit être un souvenir pénible. Pouvez-vous me dire où vous étiez, en
sachant que c'est pour éclaircir les choses, rien de plus ?
Alex Li : (Hésitant) Oh… excusez-moi, c’est l’émotion…
Je vous avoue que Patrick R. était un ami très cher, on comptait vraiment sur
lui pour projeter le Collectif sous les « feux de la rampe ». C’était
le premier artiste cotté du groupe et on avait peur qu’il se détache de nous en
se disant qu’on le tirait ver le bas.
Cela pourrait être dû à de la jalousie,
mais ce jour-là, le 11 septembre, je l’ai vu en effet. Je crois qu’il est mort
le soir. L’été passé, on se voyait souvent avec DJ OKKO pour se balader au bord
du lac et parler de nos projets. J’ai tout fait pour me remémorer ce que je
faisais le jour du meurtre et ce soir-là il nous épiait. Nous étions dans le
café à côté de la station de métro dont j’ai oublié le nom.
Je crois que
c’était vers 20 heures, on s’était baladé au bord du lac à Ouchy, puis on s’est
posé au café pour jouer à un jeu, mais je vous avoue que j’ai un blanc pour le
jeu en question… En fait, on joue souvent à des jeux pour s’en inspirer et
créer le jeu du « Fugitif ». On a donc aperçu Patrick R. en sortant
du café, il nous épiait et avait l’air agité. Je me souviens de la réaction
d’OKKO qui a mis son casque de musique sur les oreilles, je ne sais pas
pourquoi… (Rire) j’avoue… à chaque fois que j’y pense cela me fait un rire
nerveux…
Alexia : (Etonnée) Pourquoi ce rire
nerveux ?…
Alex Li : Parce que ce casque a des propriété…
un peu… (Hésitant)… OKKO écoute de la musique qui nous « ensorcelle »
un petit peu et quand il a enlevé son casque, Patrick avait disparu.
Alexia : Si je comprends bien, Mr. OKKO serait
un sorcier ?
Alex Li : Non, non… je veux juste dire que quand
on est sorti du restaurant, on a vu Patrick R. caché derrière les voitures sur
le trottoir opposé, et j’ai regardé OKKO. Je sentais qu’il y’avait de la
tension, puis il a mis son casque et après, il s’est passé quelques instants ou
j’ai eu comme une absence, j’avoue… Quand il a enlevé son casque, Patrick avait
disparu.
Aux Bonnes Choses (François) : Le 4 avril
2024, vous êtes allées au même endroit expliquez-moi pourquoi ?
Et on vous retrouve les deux fois avec M. Dalmeck Aras Azul
Ekaitzaren Begia, il y a quelque chose que vous faite et qui est secret ?
Alex Li : Je vois souvent Dalmeck pour
développer le jeu. Il utilise aussi l’intelligence artificielle, il fait du
codage et ce jour-là il avait acquis un nouveau téléphone. Il devait voir son
nouvel opérateur juste à côté du café. Mais… il me semble que ce sont des
éléments mineurs mais un autre membre de notre Collectif possède des
informations plus importantes concernant l’affaire du meurtre. C’est Xénia Zia
Nakamura. C’est une membre du Collectif qui a des compétences en criminologie
car elle a beaucoup voyagé.
Elle est d’origine japonaise avec des mélanges et a
étudié aux Etats-Unis, elle a un parcours très riche que je suis loin de
connaitre entièrement. Elle dit avoir vu Patrick R. agressé par deux hommes le
soir du 11 septembre. Mais elle est souvent absente ces temps-ci et je n’ai pas
réussi à l’approcher pour avoir plus d’informations récemment.
Musée Mudac (François) : Le 6 avril 2024, on
nous a prévenu que vous êtes allées au musée Mudac avec des amis est-ce
vrai ? Ces personnes sont-ils des membres du Collectif du Fugitif ?
Alex Li : (Etonné) Oui, nous allons
souvent au musée, mais je ne vois pas où vous voulez en venir avec ces
questions, cela m’intrigue…
Alexia : Vous comprendrez plus tard, c’est juste
que nous avons besoin de ces renseignements, et vous comprendrez par la suite
pourquoi.
Alex Li : Je vous avoue être un peu stressé, car
j’imagine bien être l’un des suspects principaux de cette affaire étant donné
que l’amulette retrouvée sur Patrick m’appartient.
Alexia : Voilà pourquoi nous avons besoin de
plus amples renseignements…
Revenons au jour J, le jour du drame, le 11 septembre 2023.
Où étiez-vous exactement ?
On sait que c’est dur, mais c’est crucial !
Alex Li : Je vais tout vous dire. Ce jour-là,
j’étais avec OKKO, comme je vous le disais nous avons aperçu Patrick R., puis
il a disparu. Nous avons ensuite pris le métro jusqu’à la gare, car OKKO habite
Vevey, et moi je suis remonté au centre-ville pour rentrer chez moi, tout seul.
Je me demandais pourquoi Patrick était là et comment il avait disparu d’un
coup, comme ça. J’ai pensé que j’avais halluciné, car comme je vous l’ai dit,
j’ai eu un moment d’absence lorsque OKKO avait mis son casque.
Tribunal Cantonal (Sarah) : Le 6 avril 2024, on
vous a vu devant le tribunal cantonal, expliqué-moi pourquoi ?
Alex Li : Je fais souvent ce que l’on appelle du
« City-Walking », on se balade dans la ville, et nous allons parfois
au Parc de Mon-Repos. Parfois je suis seul, parfois avec des membres du
Collectif. Nous nous intéressons à l’histoire des bâtiments à chaque endroit et
celle du Tribunal Fédéral nous interrogeait.
François : Finalement, quelle était la nature exacte
de votre relation avec la victime (Patrick R.) ?
Alex Li : Nous étions proches et c’est vrai que quand
il a percé, je me suis demandé s’il allait s’éloigner de nous. Il commençait à
gagner beaucoup d’argent alors que nous étions, pour la plupart des membres du
collectif, des rentiers ou, comme moi, l’aide sociale. Nous essayons de
promouvoir le « Revenu Universel ».
Mais il est quand même resté
proche de nous, et il semblerait qu’il avait quelques soucis avec certains
membres du Collectif, mais je ne saurais pas vous en dire plus. Mais il était
très secret, vous savez, il avait trouvé le secret de la réussite sans nous en
faire part, il restait des zones obscures.
Alexia : D’accord. Pouvez-vous nous parler de la
« Fondation SCP » ?
Alex Li : Dans
le cadre de mes recherches scientifiques, j’ai travaillé sur des psychologues
qui s’intéressaient au paranormal, cela m’a toujours passionné. Dans chaque
lieu, il y’a des zones qui sont à la limite entre la réalité et la fiction, ce
que, dans la « contre-culture » numérique, nous appelons des
« Backrooms ».
Je ne pensais pas vous en parler, mais apparemment
vous arrivez à « lire » dans mes pensées, c’est que nous avons dans
le Collectif des personnes atteintes de troubles psychiques et en tant que
chercheur, je remets parfois en question la notion de « troubles
psychiques » et je pense que ce sont des capacités surhumaines.
On trouve
parfois d’autres dimensions de la réalité et il y’aurait des existences de
l’ordre du spectral, pour ne pas dire « fantomatique ». Cette
fondation-là traquerait ces monstres, mais il parait que c’est une fondation
secrète dont l’existence ne relève que de la rumeur.
Brasserie du Château (Alexia) : Le 6 avril 2024,
que faisiez-vous ici, dit-moi ?
Alex Li : Nous allons régulièrement au
restaurant avec le Collectif, et dans ce cadre-là nous allons parfois à la
Brasserie du Château pour les pizzas et les bières artisanales qu’ils font
eux-mêmes. C’est un lieu envoûtant, un peu interlope où l’on rencontre des gens
de diverses horizons, parfois des étudiants, des cadres ou des
hauts-fonctionnaires qui travaillent à l’administration du Château. Comme nous
cherchons à « réseauter » pour nous faire connaître, nous fréquentons
ce genre de lieu.
Suite dans le prochain épisode
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