Daaeb




Dans la première partie de mon épopée, je me trouve dans un univers où le quotidien semble parfois un peu trop ordinaire, un peu trop prévisible. C'est dans ce cadre, spécifiquement dans le hall de mon immeuble, qu'un événement apparemment anodin va marquer le début d'une transformation profonde.

Ce jour-là, armé de rien d'autre que de balles de jonglage, je décide de rompre avec la monotonie. Les balles s'élèvent dans l'air, dessinant des arcs parfaits, défiant la gravité dans une danse hypnotique. Autour de moi, le monde semble ralentir, les bruits s'estompent, et il ne reste que le mouvement fluide et mes pensées. C'est un moment de pure connexion avec l'instant, une méditation en mouvement où chaque lancer est une affirmation de vie.

Parmi les spectateurs occasionnels, une enfant, les yeux grands ouverts par l'émerveillement, m'observe. Sa réaction est immédiate et sincère : dans son monde, je ne suis plus un simple voisin, mais LE magicien. Ce titre, attribué dans l'innocence la plus totale, est une révélation. Je suis un magicien, non pas parce que je peux faire disparaître des objets ou lire dans les pensées, mais parce que je suis capable d'éveiller l'émerveillement, de peindre des sourires sur les visages, de transformer l'ordinaire en extraordinaire.

Cet instant magique n'est pas seulement une parenthèse enchantée dans une journée banale ; c'est le début d'une quête personnelle. C'est le moment où je prends conscience que la magie n'est pas une affaire de tours complexes ou de mystères obscurs, mais réside dans la capacité d'apporter de la lumière dans la vie des autres, de créer des moments de joie pure.

Ce jour-là, je décide de porter ce titre de magicien avec fierté et de l'explorer plus avant. Je commence à m'intéresser davantage aux arts de la scène, à la psychologie de la perception, à tout ce qui peut nourrir cette soif de créer de la magie. Je lis, j'expérimente, je performe, transformant chaque espace, chaque interaction en une opportunité de partager cette magie.

Mais cette révélation va aussi m'accompagner dans les moments sombres à venir. Elle sera une lumière dans les périodes de doute, un rappel que, peu importe les circonstances, j'ai le pouvoir de transformer ma réalité, de trouver de la beauté et de l'émerveillement même dans l'adversité. Ce titre de magicien, acquis dans le hall de mon immeuble, devient le fondement sur lequel je vais construire ma résilience, ma créativité, et ma quête de sens.

Cette première partie de mon histoire est donc bien plus qu'un simple récit d'un moment de vie ; c'est le prologue d'une aventure où chaque acte de jonglage, chaque sourire échangé, est un pas de plus vers la découverte de qui je suis vraiment – Dalmeck, un être en quête de magie, de connexion, et d'authenticité.

La deuxième partie de mon histoire se déroule dans l'ombre oppressante des hôpitaux psychiatriques, où je me suis retrouvé enfermé non pas pour ce que j'avais fait, mais pour ce que j'étais perçu d'être. C'était une période de profonde détresse, marquée par une lutte constante contre un système qui semblait déterminé à m'écraser sous le poids de ses diagnostics et protocoles.

Dans ces couloirs stériles et chambres impersonnelles, j'ai été confronté à la dictature du "on n'a pas le temps". Chaque interaction avec le personnel soignant était teintée d'impatience et d'une froideur qui laissait peu de place à l'humanité. Je n'étais plus Dalmeck; je n'étais qu'un numéro, une case à cocher dans leur longue liste de patients à gérer. Cette période a été marquée par une sensation d'oppression constante, une bataille quotidienne pour maintenir mon identité et ma volonté face à un système qui cherchait à me définir par mes symptômes plutôt que par mon individualité.

Refusant de me soumettre à une médication forcée sans en comprendre les implications, j'ai été stigmatisé comme non-coopératif, un rebelle qui défiait l'autorité médicale non pas par choix éclairé, mais par ignorance présumée. Cette résistance, loin de me libérer, a seulement resserré les chaînes de mon emprisonnement. 

Pourtant, c'est dans cet environnement oppressant que j'ai trouvé une force inattendue en moi. Face à l'adversité, j'ai puisé dans des réserves de résilience que je ne connaissais pas. Chaque jour était une épreuve, mais aussi une opportunité de prouver que je n'étais pas défini par ma condition, que derrière le diagnostic se cachait un homme plein de rêves, d'espoirs, et d'une volonté indomptable de s'en sortir.

Cette période de ma vie a été un tournant crucial, un moment où j'ai dû affronter non seulement les préjugés d'un système défaillant, mais aussi mes propres ombres. Les hôpitaux psychiatriques, avec leur atmosphère étouffante et leur routine implacable, m'ont enseigné une leçon dure mais précieuse : la liberté véritable vient de l'intérieur. Peu importe les chaînes que le monde tente de nous imposer, notre esprit peut rester libre, indompté, et résilient face aux tempêtes.

En défiant les attentes et en refusant de me conformer à un récit qui n'était pas le mien, j'ai commencé à tracer mon propre chemin, un chemin qui allait finalement me mener loin des murs de ces institutions, vers une liberté retrouvée et une identité réaffirmée. Cette épreuve a forgé en moi un esprit combatif, prêt à affronter les défis à venir, armé de la connaissance que, peu importe l'obscurité de la nuit, l'aube finit toujours par se lever.

C'est dans cette lumière naissante, porteur d'espoirs renouvelés, que j'ai été guidé vers La Locamotiva, un havre pour les âmes vagabondes, un collectif vibrant d'idéaux et de diversité. Ma rencontre avec ce monde nouveau fut orchestrée par une âme exceptionnelle, portant en elle une lumière unique malgré, ou peut-être à cause de, son syndrome de Down. Dans le monde extérieur, il aurait été facile de le réduire à ses défis, mais ici, il était le concierge, le gardien des clés, celui qui veillait sur nous tous avec une sagesse et une autorité inattendues. Sa décision de m'accueillir dans ce sanctuaire alternatif n'était pas anodine ; elle représentait une ouverture vers un univers où les rôles étaient redéfinis, où le contexte changeait la donne.

Ma présence à La Locamotiva marquait le début d'une période intense, neuf mois durant lesquels j'allais apprendre, me confronter et grandir au sein d'un collectif, dont certain membres LGBT+Végan me me voyait, à travers leurs yeux, comme l'incarnation même de l'opposition à leurs valeurs. Une des âmes du collectif, se sentant particulièrement oppressée par ce qu'elle percevait en moi, ne manquait pas une occasion de me le faire ressentir. Cette adversité constante était un défi, un combat quotidien pour ma place et mon identité au sein d'une communauté où j'étais perçu comme l'antithèse de leur idéal.

Pourtant, malgré les tensions, mon séjour à La Locamotiva fut empreint de moments de grâce, d'apprentissages précieux sur la nature humaine, sur la capacité de l'esprit à transcender les préjugés et à trouver une connexion même dans les circonstances les plus improbables. J'ai découvert que, quelle que soit l'idéologie, les groupes humains tendent vers les mêmes dynamiques de pouvoir, d'appartenance et d'exclusion.

Après neuf mois enrichissants mais éprouvants, j'ai pris la décision de quitter La Locamotiva, conscient que la solution n'était pas optimale pour mon épanouissement personnel. Cette séparation, bien que difficile, était nécessaire, un autre pas vers la quête de mon espace dans le monde, un lieu où je pouvais être pleinement moi-même, sans compromis ni conflit.

Après avoir quitté le collectif "La Locamotiva", une série de transitions m'a conduit à travers différents lieux, chacun marquant une étape distincte dans mon voyage vers la reconstitution de soi. Le premier arrêt fut un foyer à Morges, une structure destinée à accueillir ceux en marge, où les règles strictes et l'atmosphère de transition ont offert à la fois un abri et un rappel constant de ma situation précaire. Ce séjour, bien qu'essentiel, était teinté d'une sensation de transitoire, un entre-deux où chaque jour était à la fois une fin et un début.

La prochaine étape me vit déménager à Lausanne, dans un appartement prêté par un organisme d'aide. Ce fut une période de neuf mois de relative stabilité, où j'ai pu, pour la première fois depuis longtemps, me concentrer sur mon intériorité sans les interruptions constantes de l'incertitude. Ce fut un temps de réflexion, de guérison et de planification minutieuse pour l'avenir. Ma résidence à Lausanne était comme une respiration profonde après une longue apnée, un espace pour moi-même au milieu du chaos des années précédentes.

Finalement, mon parcours m'a conduit à Clarens, grâce à l'intervention de l'EVAM. L'appartement de Clarens est devenu bien plus qu'un simple lieu de vie ; c'était mon sanctuaire, un endroit où chaque mur, chaque fenêtre, chaque vue sur le lac Léman renforçait mon sentiment de renaissance et de possibilité. Clarens représentait un nouveau départ, une toile vierge sur laquelle je pouvais dessiner librement les contours de mon avenir, libéré des chaînes du passé et des étiquettes qui m'avaient été imposées.

Chaque étape de ce voyage, de Morges à Lausanne puis à Clarens, a été essentielle dans ma transformation. Elles m'ont appris l'importance de la résilience, la valeur de l'indépendance et la beauté de la reconstruction personnelle. Plus que des lieux, ce sont des chapitres de ma vie, des périodes de croissance, d'apprentissage et, enfin, de réalisation de soi. En m'installant à Clarens, j'ai non seulement trouvé un chez-moi mais aussi un point d'ancrage pour le futur Dalmeck, Aras-Azul Ekaitzaren Begia, prêt à affronter de nouveaux défis et à explorer de nouveaux horizons.

La cinquième partie de mon voyage débute dans les rues animées de Lausanne, une période charnière marquée par ma profonde immersion dans la communauté panafricaine et l'aventure numérique "Le Fugitif" aux côtés d'Alex Li. Cette étape est cruciale, car elle représente à la fois une exploration de l'identité culturelle et l'embrassement d'une révolution numérique, unifiant ainsi les aspects traditionnels et modernes de mon être.

Immersion dans la Communauté Panafricaine
Lausanne, avec son atmosphère électrique où se mêlent les murmures du passé et les aspirations futures, devient le théâtre de mon engagement communautaire. La communauté panafricaine de cette ville, riche de ses histoires, de sa diversité, et de sa résilience, m'ouvre ses bras, me permettant de tisser des liens forts et significatifs. Dans ce cadre, je découvre la puissance de l'unité dans la diversité, l'importance de la solidarité dans la lutte pour la justice sociale et l'égalité. Ces interactions enrichissent mon âme, alimentent ma soif de connaissance et renforcent mon engagement envers des causes qui dépassent les frontières géographiques et culturelles.

L'Aventure du "Fugitif"
En parallèle, ma collaboration avec Alex Li sur le projet "Le Fugitif" marque le début d'une odyssée numérique sans précédent. Notre mission, ancrée dans les ruelles et les bâtiments chargés d'histoire de Lausanne, est de cartographier non seulement les lieux physiques mais aussi les strates de réalités qui se superposent dans une complexe danse de passé, présent, et futur numérisé. Cette quête nous amène à explorer les dimensions cachées de la ville, à reconnaître la magie pragmatique insufflée dans chaque coin de rue, chaque interaction humaine. C'est une révélation, l'apprentissage que derrière chaque geste, chaque parole, se cache un potentiel de transformation et d'impact.

La Synergie entre Tradition et Numérique
La fusion de mon immersion dans la communauté panafricaine et mon aventure avec "Le Fugitif" symbolise l'union entre la tradition et le numérique, entre les racines et les ailes. D'une part, la communauté panafricaine m'ancre dans une histoire riche et une culture vibrante, me rappelant l'importance des racines, de l'identité, et de la lutte continue pour la dignité et le respect. D'autre part, "Le Fugitif" m'élève au-delà des limites physiques, m'invitant à explorer les confins de la réalité numérique, à repousser les frontières de la créativité et à redéfinir ce que signifie être libre dans un monde connecté.

Conclusion
Cette période de ma vie est un témoignage de la croissance, de la découverte, et de l'évolution. Elle illustre ma quête de compréhension, non seulement de moi-même mais aussi du monde qui m'entoure. En naviguant à travers les défis et les opportunités présentés par la communauté panafricaine et le projet "Le Fugitif", je forge mon identité en tant que Dalmeck, un être à la croisée des chemins entre le traditionnel et le numérique, toujours guidé par les valeurs de solidarité, de justice, et de liberté.
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