Troisième Conte





Bonsoir, voici l'heure du conte,

Au cœur des ténèbres, là où la vérité se mêle aux légendes, écoutez, mes amis, car c'est l'heure du conte. Imaginez-vous enveloppés dans le manteau de la nuit, tandis que je vous emmène dans un voyage à travers les voiles de l'imaginaire, vers un royaume oublié par le temps. Là, sous les étoiles éternelles, vit Aïtar, le dragon au souffle de flammes vertes, gardien de Thalion.


Ce dragon majestueux, aux écailles d'un vert profond comme les forêts anciennes de notre monde, porte en lui un fardeau lourd, un secret dissimulé dans les profondeurs de son âme. Son souffle, bien que source de sa puissance, émane du fiel qui coule dans ses veines, libérant dans l'air une fumée verdâtre, tissée d'illusion et de mystère.


Imaginez, mes amis, le pouvoir de cette brume, capable de transformer la réalité, d'obscurcir la vue la plus perçante, de plonger le sage et le fou dans le même rêve éveillé. Aïtar lui-même se trouve pris dans ce voile, errant dans un monde où la frontière entre le réel et l'imaginaire s'estompe, où sa propre nature se dissout dans l'incertitude.


Les gens de Thalion, vivant sous son ombre, se trouvent face à un dilemme. Certains, attirés par la curiosité, se laissent séduire par la brume, y voyant une évasion, une aventure au-delà de leur quotidien. D'autres, plus prudents, restent à l'écart, leurs cœurs remplis d'une inquiétude silencieuse pour leur gardien perdu dans sa propre création.


Mais voilà que dans l'obscurité, une lueur d'espoir scintille. Un petit groupe, armé de courage et de sagesse, décide de braver la brume. Ils cherchent à atteindre Aïtar, à percer le secret de son tourment, à lui montrer que derrière la colère et la confusion se cache un chemin vers la lumière.


Déterminé à affronter Aïtar, le dragon au souffle de flammes vertes. Leurs cœurs, lourds de résolution, les menèrent à travers les terres embrumées, guidés par un espoir fragile. Ils portaient en eux une mission périlleuse : sauver Aïtar de sa propre détresse, une détresse qui menaçait de submerger les innocents pris dans son sillage.


Mes amis, imaginez la lourdeur de leur tâche, la profondeur de leur courage. Ils savaient que la tâche serait ardue, que le succès était loin d'être assuré, mais leur détermination ne fléchissait pas.


Le sommet de la montagne, là où les vents murmurent les secrets du monde, fut le théâtre de leur ultime confrontation. Aïtar, enveloppé dans la brume de son tourment, était à peine reconnaissable. Les flammes vertes qui émanaient de lui étaient plus sombres, presque noires, reflétant la profondeur de son désespoir.


Vous voyez, mes amis, même les plus grands parmi nous peuvent se perdre. Aïtar, avec toute sa puissance, ne pouvait échapper à la solitude de son esprit.


Le groupe entama leur chant, une mélodie ancienne, censée apaiser le cœur le plus tourmenté. Mais la brume était trop épaisse, le fiel d'Aïtar trop amer. Chaque note qui s'élevait semblait se perdre dans l'obscurité, incapable d'atteindre le dragon ou de percer le voile de sa souffrance.


Et alors, dans un élan désespéré pour le sauver, un membre du groupe s'avança, offrant son âme comme pont vers Aïtar. Le dragon, dans un moment de lucidité, vit l'offrande et, avec elle, la réalité de son existence. La douleur de sa prise de conscience fut si intense, si brûlante, qu'elle se refléta dans son souffle, enveloppant l'offrant dans les flammes vertes de sa propre tragédie.


Ah, mes amis, c'est là que notre histoire prend un tournant sombre. Le dragon, dans son désespoir, avait blessé ceux qu'il aurait voulu protéger.


Le groupe, bien que brisé par la perte, ne recula pas. Ils comprenaient maintenant que certains destins ne pouvaient être détournés, que la brume qui enveloppait Aïtar était trop dense pour être dissipée par de simples mortels.


Aïtar, réalisant l'étendue de son acte, se retira dans les profondeurs de la montagne, son cœur plus lourd que jamais. La brume ne se dissipa pas ; elle devint un monument à sa douleur, un rappel éternel de l'instant où, dans un geste de compassion, il avait causé une tragédie irréparable.


Et c'est ainsi, mes amis, que notre conte s'achève, non pas sur une note d'espoir, mais sur un murmure de mélancolie. Aïtar reste dans les ombres, une légende de Thalion, un avertissement sur les dangers de la solitude et de la souffrance non partagée.


Que cette histoire vous accompagne, mes amis, vous rappelant la valeur de la compréhension, de la compassion, mais aussi les limites de notre pouvoir face aux tourments de l'âme. Aïtar et Thalion resteront dans nos cœurs, non pas comme un conte de victoire, mais comme un écho sombre de ce qui aurait pu être.


Veuillez excuser ma voix chargée d'émotion : Le voyage se termine ici, sous le voile de la nuit, avec les étoiles comme seuls témoins de notre récit. Portez en vous les leçons de Thalion, mes amis, et laissez-les guider vos pas dans la danse délicate de la lumière et de l'ombre.


Dalmeck, Aras-Azul Ekaitzaren Begia

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