À la manière de Proust

Par Alex Li

Dans la pénombre apaisante de ma chambre, les contours familiers de mon loft se fondent dans les ombres de la nuit, créant un tableau propice à la réflexion et à la mémoire. Ici, loin du tumulte de la ville qui ne dort jamais, je m'aventure dans les méandres de mon esprit, cherchant à démêler les fils de mon ascension remarquable, tout en me heurtant inévitablement au mystère insondable du meurtre de Patrick R., cette permutation de X qui trouble encore mon esprit.

Je me souviens des débuts modestes, de notre passion pour l'art numérique, de la façon dont nous, le Collectif du Fugitif, avons plongé dans le monde de la blockchain, intrigués par les promesses d'un nouveau paradigme pour la création et la propriété artistique. C'était une époque d'innovation effrénée, où chaque jour apportait son lot de découvertes et de défis. Le jeu du "Fugitif" est né de cette effervescence, une création qui allait bientôt transcender ses modestes origines pour devenir un phénomène mondial, propulsant la Creative Token Agency au sommet de la révolution numérique.

Le Manoir, avec son salon où font échos des conversations entre nos avatars et des personnages tels que Bourdieu, Carl Gustav Jung et Minkowski, est devenu un lieu mythique du jeu, un carrefour où le réel et le numérique se mêlent. Ici, l'art n'était pas seulement exposé; il vivait, il respirait et interagissait avec ceux qui osaient pénétrer dans ce palais mental digital. Chaque œuvre d'art numérique, chaque NFT, était une porte ouverte sur un univers de possibilités, une célébration de la créativité que la blockchain, seule, a rendu possible.

Mais au cœur de cette ascension fulgurante, le mystère du meurtre de Patrick R. demeure. Cette inconnue, cette « permutation de X » ou encore ce point de bascule entre notre passé collectif et cet avenir dont je jouis, est comme un voile sombre sur notre propre réussite. Qui était vraiment Patrick R.? Pourquoi sa mort reste-t-elle un mystère, un puzzle dont les pièces manquent toujours?

Chaque tentative de démêler ce mystère semble me ramener à ce même point de départ, une boucle sans fin où la vérité reste hors de portée. Pourtant, je ne peux m'empêcher de chercher, d'interroger le passé, de revisiter ces souvenirs qui, je l'espère, contiennent la clé de ce qui s'est passé réellement. Peut-être, dans le jeu lui-même, dans cet entrelacement de récits et de réalités, réside la réponse. Peut-être que la solution au mystère de Patrick R. n'est pas à découvrir, mais à créer, une histoire encore à écrire.

Alors, dans la solitude de ma chambre, entouré par les ombres et les souvenirs, je continue à chercher, conscient que la résolution de ce mystère pourrait non seulement éclairer le passé, mais aussi façonner l'avenir de la CTA et de tous ceux qui, comme moi, se sont aventurés dans le monde captivant et complexe de l'art.