Le commissaire d’action

Par Vladimir Novikov 


Dans "Le Fugitif," le rôle d'Alex Li comme joueur et maître de jeu (MJ) évoque une interprétation ludique des concepts de souveraineté et d'état d'exception de Carl Schmitt. Cette analogie permet d'explorer des idées complexes sur le pouvoir, l'autorité et la liberté dans un cadre narratif et interactif, offrant ainsi une nouvelle perspective sur la théologie politique et la souveraineté au sein d'un univers fictif.


Souveraineté Ludique


En assumant simultanément les rôles de MJ et de joueur, Alex Li incarne la figure du souverain dans le jeu. Schmitt définit le souverain comme celui qui décide de l'état d'exception, une notion qui, dans le contexte du jeu, pourrait être interprétée comme la capacité d'Alex à modifier les règles, à introduire de nouveaux éléments narratifs ou à résoudre des conflits de manière discrétionnaire pour enrichir l'expérience de jeu ou répondre à des situations imprévues. Cette flexibilité règlementaire illustre le pouvoir souverain d'agir au-delà des limites conventionnelles pour le bénéfice de la communauté de joueurs ou pour le développement du lore.


État d'Exception Ludique


L'état d'exception, dans "Le Fugitif," peut être perçu à travers des moments où le jeu prend des tournants inattendus ou lorsqu'Alex intervient directement pour guider l'histoire. Ces moments d'intervention peuvent être vus comme des parallèles ludiques aux situations de crise que Schmitt envisage dans sa théologie politique, où des mesures extraordinaires sont prises pour préserver ou transformer l'ordre existant. Dans le jeu, cela pourrait se manifester par des événements qui remettent en question les règles habituelles du jeu ou qui exigent des décisions qui transcendent le cadre établi, mettant en lumière la dynamique entre structure et agence, ordre et chaos.


Messianisme et Narration


L'intégration du messianisme, inspirée par Walter Benjamin, ajoute une couche de complexité à cette dynamique. Le jeu, en effet, peut inclure des thèmes de rédemption, d'espoir et de justice qui résonnent avec l'attente messianique d'une rupture salvatrice dans l'histoire ou dans la trame narrative du jeu. Cela offre aux joueurs l'opportunité de réfléchir sur les notions de changement radical, de salut et de transformation à travers le prisme d'actions et de décisions au sein du jeu.


Conclusion


En fin de compte, "Le Fugitif" sert de microcosme pour explorer des thèmes politiques et théologiques complexes dans un cadre accessible et immersif. Alex Li, en tant que MJ et joueur, permet d'examiner comment le pouvoir, l'autorité et la liberté peuvent être négociés et réinterprétés dans des contextes alternatifs. Par ces mécanismes, le jeu devient un espace expérimental où les idées de Schmitt et Benjamin sur la souveraineté, l'état d'exception et le messianisme sont non seulement discutées mais vécues, offrant aux participants une plateforme unique pour explorer la nature du pouvoir et de la transformation dans un monde en constante évolution.

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