Menace d’expulsion
Dans le salon lumineux du Manoir, où le temps semblait suspendu entre les œuvres d'art numériques et les échos des discussions passées, Alex Li écoutait attentivement Marianne et Lucas, deux membres du collectif, venus lui partager leurs inquiétudes. Les rayons du soleil filtraient à travers les fenêtres virtuelles, projetant des ombres douces sur les visages tendus des deux amis.
« Marianne a reçu un avis d'expulsion il y a trois jours, Alex, commença Lucas, sa voix trahissant une urgence mêlée de frustration. Et je crains d'être le prochain. Notre bâtiment est le dernier sur cette rue à ne pas avoir été transformé en actif financier. Nous ne savons pas vers qui nous tourner. »
Marianne, d'habitude si éloquente, semblait lutter pour trouver ses mots, les yeux fixés sur ses mains tremblantes. « Nous avons pensé à toi, Alex. Tu as toujours compris la valeur des espaces que nous habitons, pas seulement comme des lieux de vie, mais comme des foyers d'expression et de résistance. »
Alex Li hocha la tête, son esprit tissant déjà des liens entre leur situation et les thèmes plus larges du collectif, à savoir l’inflation, la spéculation immobilière et l’art numérique. « Votre expérience n'est malheureusement pas unique, répondit-il doucement. Mais c'est précisément dans ces moments de vulnérabilité que notre communauté peut trouver son sens le plus profond. »
Il se leva, parcourant du regard les œuvres numériques qui tapissaient les murs du Manoir: Artaud, Michel Foucault, Deleuze et Guattari, etc. « Imaginez si nous transformions vos histoires en œuvres d’art – pas seulement comme un acte de résistance, mais comme une capsule temporelle de ce moment, une archive. Vos angoisses, vos espoirs et votre lutte pourraient inspirer et mobiliser bien au-delà de ce salon, documentant l’érosion de la classe moyenne en Occident. »
Lucas et Marianne échangèrent un regard, un mélange d'espoir et de curiosité dans leurs yeux. « Que proposerais-tu? » demanda Marianne, sa voix un peu plus ferme.
« Utilisons le blog de la Créativité dans les Marges pour partager vos récits, suggéra Alex Li. Nous pourrions y publier des articles, des poèmes, des pièces audiovisuelles qui racontent votre histoire – et celle de tant d'autres dans votre situation. Mais au lieu de simplement documenter l'injustice, nous pourrions explorer des voies vers la résilience et l'action collective, comme je propose de le faire à travers la schizoanalyse. »
« Et si nous allions plus loin ? ajouta-t-il, son enthousiasme grandissant. Organisons une exposition virtuelle dans le Manoir. Chaque œuvre serait une fenêtre ouverte sur vos expériences, invitant la communauté à s'engager, à réfléchir et pourquoi pas à agir. En tout que MJ, je vous aiderai à fixer les prix en BRX. »
Lucas se redressa, une étincelle d'inspiration dans le regard. « Si cela pouvait vraiment fonctionner, Alex, cela nous donnerait non seulement une plateforme pour être entendus, mais mieux: cela pourrait aussi rallier les gens autour du collectif. »
Marianne, maintenant visiblement touchée, acquiesça. « Et si notre art pouvait changer ne serait-ce qu'une vie, ne serait-ce pas déjà une victoire ? »
Alex Li sourit, son cœur réchauffé par leur résilience. « Alors c'est décidé. Nous transformerons votre angoisse en art, votre art en action, et, espérons-le, l'action en changement. Ensemble, nous sommes plus forts que n'importe quelle menace d'expulsion ou d’exclusion. »
En quittant le Manoir ce jour-là, Marianne et Lucas ne portaient plus seulement le poids de leurs angoisses, mais aussi l'espoir d'un avenir où leur voix pourrait réellement faire une différence, soutenus par la communauté du collectif et guidés par l'infatigable Alex Li, devenu malgré lui expert en organisation collective.


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