Sixième Conte




Bonsoir,
Voici l'heure du Conte

Dans un royaume où le ciel semblait partager ses secrets avec la terre, deux hommes se dressaient devant le destin. Le premier, le Philosophe, était un homme de réflexion et de raison, dont la barbe avait blanchi sous le poids des pensées. Il se tenait droit, son esprit aiguisé par des années de méditation sur des textes anciens et complexes. Il offrait au peuple de Verceil des visions d'avenir bâties sur des fondations de logique et d'ordre, des plans méticuleux pour un royaume de paix et de prospérité.


Le second, le Fou, était un homme de cœur et de flamme, un esprit libre qui marchait pieds nus sur les chemins de terre, les yeux brillants d'une sagesse que seule la simplicité de la vie pouvait enseigner. Il ne promettait pas des lendemains de certitudes, mais des aujourd'hui de bonheur, un bonheur vécu dans l'harmonie des pleurs et des rires, partagés avec le peuple qu'il aimait tant.


Le jour du choix, lorsque le trône de Verceil réclama une tête pour porter sa couronne, le peuple se tourna vers le Fou. Pas parce qu'il les avait convaincus par des mots, mais parce qu'il avait touché leurs âmes par des actes. Sa victoire fut celle du cœur sur l'esprit, de l'amour sur la réflexion.


Mais alors que le Fou s'avançait pour recevoir la couronne, un enfant sortit de la foule. Petit et frêle, il portait en lui une innocence et une audace qui commandaient le respect. L'enfant s'approcha du trône, ses yeux fixés sur la couronne, et dans son regard, il y avait une lueur qui défiait le temps lui-même.


La tâche de couronner le nouveau roi revenait à l'enfant, selon une ancienne tradition qui voulait que l'innocence précède la sagesse. Mais devant le trône, l'enfant se heurta à la réalité de sa stature ; il était trop petit pour élever la couronne jusqu'au sommet. Dans un éclat d'ingéniosité enfantine, il posa la couronne sur sa propre tête, libérant ainsi ses mains pour grimper sur le trône.


Chaque marche était un monde, chaque souffle un vent de changement, mais l'enfant avançait, guidé par une détermination qui échappait à son âge. Lorsqu'il se hissa enfin à hauteur du Fou, prêt à accomplir son devoir, le Fou, avec une douceur inattendue, stoppa le geste de l'enfant.


"Le roi est là, vive le roi !" déclara-t-il, alors qu'il soulevait l'enfant pour que tous puissent le voir. L'enfant, juché sur les épaules du Fou, souriait, car il comprenait maintenant que le véritable roi n'était pas celui qui prenait la couronne, mais celui qui la donnait.


Ainsi, l'enfant fut élevé, non pas sur le trône de pierre, mais dans le cœur d'un peuple qui voyait en lui l'avenir et l'espoir. Le Fou devint son protecteur, son guide, l'homme qui serait roi à travers les yeux d'un enfant. 

Le Philosophe, devenu lui-même un Fou, raconte cette histoire, dans un murmure qui traverse les âges. 


"Suis-je le Philosophe, le Fou, ou l'enfant ?" demande-t-il aux étoiles qui l'écoutent en silence. Seul l'écho du temps détient la réponse.


Et ainsi, ce Philosophe Fou continue de marcher, un roi sans royaume, un sage sans disciples, un enfant dans l'âme. Son récit, un labyrinthe de merveilles et de mystères, est un pont entre le passé et le présent, une invitation à regarder au-delà du voile de la réalité, là où les histoires ne finissent jamais, mais se transforment, portées par la voix de ceux qui osent rêver.


Dans le royaume de Verceil, comme dans le cœur du Philosophe devenu Fou, l'histoire va et vient, un flux et reflux éternel de vie, d'amour et de quête de sens. Et dans ce flux, la vérité se révèle dans la beauté de l'incertitude, dans l'acceptation que nous sommes tous, à notre manière, le Philosophe, le Fou, et l'enfant, jouant notre rôle dans le grand conte de l'existence.







Dalmeck, Aras-Azul Ekaitzaren Begia


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