"Balade Avec Amanda"

Dans l'obscurité la plus totale, là où la lumière ne pénètre jamais, le Boogaloo, cet égrégore de peur et de chaos, se croit seul. Pour un instant, il oublie le rôle qu'il a toujours joué, celui du semeur de frayeur, du voleur de lumière. Il se laisse aller à un moment de faiblesse, une brèche dans son armure de ténèbres, et une mélodie s'élève doucement, un chant venu du fond de sa mémoire.

Le Boogaloo n'est pas censé ressentir. Il est l'ombre qui se glisse dans les cauchemars, le spectre qui hante les esprits troublés. Pourtant, au plus profond de lui, une mélodie connue remonte à la surface, une chanson qui n'a jamais été chantée par sa voix, d'ordinaire rauque et tranchante, se fait plus douce, presque humaine. Il chante pour lui-même, ignorant que cette chanson résonne dans le silence de la nuit. 

Le Boogaloo s’arrête soudainement, réalisant ce qu’il vient de faire. Le silence retombe comme un voile lourd, oppressant. Il est seul. La honte et l'agacement montent en lui, se mélangeant à cette chaleur douce qu'il n’a jamais voulu ressentir. Il serre les dents, furieux, tentant de raviver l’obscurité qui le définit. Mais la mélodie persiste, un écho tenace qui refuse de s’éteindre.

Il se redresse, plus déterminé que jamais à étouffer ce chant, à nier cette tendresse qui a osé percer son masque. Il doit retourner dans l’ombre, là où il appartient. Mais quelque chose a changé. La voix de Zamaya résonne encore dans son esprit, et contre toute logique, il ne peut pas se débarrasser de ce souvenir. Cette mélodie, douce et insidieuse, le hante.

Il est seul. Complètement seul. Mais cette solitude n’a plus tout à fait le même goût. Il a chanté, il a senti, et cela l’agace profondément. Ce plaisir inattendu l’irrite, le dérange, mais il ne peut l’ignorer. Il est seul, et pourtant, cette mélodie refuse de disparaître. Zamaya a laissé une empreinte en lui, et il le déteste.

Mais il est seul. Il a chanté pour Amanda, même si elle ne le sait pas.