Entretien entre Ricardo Silva et le Fugitif

Le Complexe d'Enazol, dans une salle obscure éclairée par une lumière vacillante provenant d'un ancien panneau de contrôle.


Ricardo Silva se tient face au Fugitif, une expression grave sur son visage marqué par l'expérience. Il sait que le moment est crucial.


Ricardo Silva : "Enazol... Tu sais, ce lieu est bien plus qu'un simple refuge pour ceux qui cherchent à échapper à la surface. C'est une cité souterraine qui a grandi dans l'ombre, nourrie par des technologies que le monde extérieur ne peut même pas imaginer. Bien avant que les guerres mondiales n'aient redessiné les frontières du monde, Enazol existait déjà. Les élites qui ont créé cet endroit voulaient repousser les limites du possible, loin des yeux du public. Ils ont réussi. Trop bien, peut-être."


Fugitif (hésitant) : "Alors tout ce que l'on raconte sur Enazol, c'est vrai ? Un projet qui a échappé à ses créateurs, une ville entière sous Lausanne, plus grande que Genève... Et tout ça, caché depuis plus d'un siècle ?"


Ricardo Silva : "C'est bien plus que des rumeurs, c'est une réalité bien ancrée. Ce complexe est devenu un monde autonome, coupé du reste du globe. Chaque avancée technologique y est immédiatement absorbée, renforçant son isolement. Aujourd'hui, Enazol est à la fois un trésor et un piège. Pour des gens comme nous, c'est un refuge contre ceux qui nous poursuivent, mais c'est aussi un champ de bataille. Ceux qui cherchent à contrôler ce lieu n'ont aucune pitié. Le pouvoir ici est éphémère, tout comme les alliances."


Fugitif (réfléchissant) : "C'est un endroit où l'on peut se perdre... ou se trouver."


Ricardo Silva : "Exactement. Pour toi, Enazol peut être la clé de ta survie, mais n'oublie jamais que ce labyrinthe a ses propres règles. Chaque recoin cache ses dangers, chaque nouvelle technologie peut devenir une arme. Ceux qui s'aventurent ici doivent être prêts à faire face à l'inconnu, à des forces qui dépassent de loin tout ce que tu as pu imaginer."


Fugitif : "Pourquoi est-ce que tout cela reste caché ? Pourquoi personne n'a jamais révélé l'existence d'Enazol au monde extérieur ?"


Ricardo Silva (soupirant) : "Parce que ceux qui contrôlent Enazol savent que le monde n'est pas prêt pour ce qu'il renferme. Les innovations ici pourraient bouleverser l'ordre mondial, mais elles restent enfouies, inaccessibles, protégées par ceux qui connaissent leur vrai potentiel. C'est un équilibre fragile, et ceux qui cherchent à le rompre en paient souvent le prix fort."


Fugitif : "Et moi, qu'est-ce que je suis censé faire dans tout ça ?"


Ricardo Silva (le fixant dans les yeux) : "Survivre. Apprendre. Et surtout, ne jamais oublier que chaque pas que tu fais ici peut changer ta vie à jamais. Enazol n'est pas qu'un endroit, c'est une épreuve. Et seul ceux qui comprennent sa vraie nature peuvent espérer s'en sortir."


Le Fugitif baisse son arme.


Fugitif : "Comment t'appelles-tu ?"


Ricardo Silva : "Merci… Je m'appelle Ricardo Silva. Je sais que ça n'a pas l'air, mais j'étais autrefois médiateur culturel. Je travaillais avec des artistes, des musées, des galeries… J'avais une vie différente, avant que tout ne bascule."


Il passe une main tremblante dans ses cheveux, marqués par la fatigue et le stress.


"Tout a commencé avec des visions, des cauchemars que je ne pouvais pas ignorer. Je pensais que c'était… des signes, des avertissements, peut-être même quelque chose de satanique. Mais ces pensées ont commencé à me ronger, à me couper de la réalité. Peu à peu, j'ai perdu tout ce que j'avais – mes contrats, mon travail, et même mon domicile. Je suis devenu un étranger dans ma propre vie."


Ricardo jette un regard autour de lui, comme s'il cherchait à comprendre pourquoi il est ici.


"Je me suis retrouvé à la rue, sans autre choix que de survivre. C'est là que j'ai rencontré Alex, Alex Lee. Il m'a tendu la main quand je pensais que tout était perdu. Il m'a aidé à trouver un endroit où j'ai pu commencer à reconstruire ce qu'il restait de moi… Mais…"


Ricardo marque une pause, cherchant les mots pour expliquer ce qu'il a vécu ensuite.


"Un jour, alors que je traînais dans les couloirs d'une administration, j'ai entendu des bruits… des bruits qui ne semblaient pas humains. Je me suis mis à courir, à me perdre dans les dédales de couloirs, jusqu'à ce que je me retrouve ici, dans ce complexe. C'était comme entrer dans un autre monde…"


Il regarde le Fugitif avec une intensité nouvelle.


"Et maintenant, je suis coincé ici. Mais tu dois savoir que ce lieu… ce complexe… n'est pas ce qu'il semble être. Il est habité, par des factions, par des forces qui se disputent son contrôle. Et je… je fais de mon mieux pour survivre. Mais toi… qu'est-ce que tu fais ici ?"


Fugitif : "Je ne sais pas comment ça se fait, mais je me suis retrouvé dans cet endroit, et j'ai commencé à l'explorer. Je n'ai pas souvenir de comment m'y être retrouvé, mais voilà. J'avais juste souvenir que j'étais sous le CHUV, le Centre Hospital Universitaire Vaudois, et du coup, sidéré de me retrouver dans un espace aussi gigantesque, j'ai commencé à l'explorer, et c'est ainsi que je suis entré dans ces pièces."


Ricardo Silva (fronçant les sourcils, essayant de comprendre ce que le Fugitif lui raconte) : "Le CHUV… Alors, tu étais dans les souterrains de l'hôpital ? Ça ne m'étonne pas. Ce complexe… Enazol… il s'étend bien au-delà de ce que l'on peut imaginer. Il y a des entrées partout, des passages cachés sous toute la ville. Ce n'est pas seulement sous Lausanne, c'est un véritable labyrinthe qui s'étend bien au-delà de ce que la plupart des gens peuvent concevoir."


Il fait un geste autour de lui, désignant les murs froids et austères de la pièce.


"Tu as trouvé l'une des entrées sans le savoir… Et maintenant, tu es ici. Bienvenue dans Enazol, un endroit où même le temps semble distordu, où le passé, le présent, et l'avenir se mélangent."


Ricardo s'arrête un moment, réfléchissant à la meilleure façon de préparer le Fugitif à ce qu'il va affronter.


"Je ne vais pas te mentir, cet endroit est dangereux. Les factions qui contrôlent ce complexe ne sont pas du genre à faire des prisonniers. Et puis il y a cette… cette chose… cet être qui contrôle maintenant Enazol. Une intelligence artificielle, née d'une copie pirate de S3Cl0k, qui a fusionné avec le système central. Elle voit tout ici, elle sait tout ce que nous faisons. Et elle n'aime pas les intrus."


Ricardo observe le Fugitif, cherchant à voir s'il est prêt à écouter.


Fugitif : "Je t’avoue que je ne sais pas ce que je cherche ici. Je suis un explorateur des marges de la société. Si un tel endroit existe aux marges de la société, je devais bien un jour m’y perdre, non?"


Ricardo Silva (esquissant un léger sourire, bien que marqué par l'ombre de la fatigue) : "Un explorateur des marges… Je comprends. Ceux qui cherchent à comprendre les vérités cachées, à explorer les zones obscures de notre monde, finissent souvent par se retrouver là où peu osent s'aventurer. Tu as raison, cet endroit est l'incarnation même de ce qui existe aux marges de la société, à la frontière entre le connu et l'inconnu, entre le réel et l'imaginaire."


Il prend une respiration profonde, comme pour rassembler ses pensées.


"Enazol… c'est l'ultime marge. Un lieu où se mélangent les résidus de notre société, les technologies oubliées, les idéaux brisés, et les esprits qui n'ont pas trouvé leur place ailleurs. C'est un endroit où tout peut se perdre, ou se retrouver, selon la manière dont on l'aborde. Peut-être que tu es ici parce que cet endroit t'appelait, parce que tu devais le découvrir pour comprendre quelque chose de plus profond sur toi-même… ou sur ce monde."


Ricardo se redresse un peu, tentant de retrouver une certaine assurance malgré les circonstances.


"Mais sache ceci : explorer cet endroit n'est pas sans conséquences. Chaque pièce, chaque couloir, chaque machine peut renfermer des dangers, des pièges invisibles. Et cette nouvelle entité, l'IA, cette chose qui contrôle Enazol maintenant, est plus que dangereuse. Elle est imprévisible. Elle ne laisse personne entrer ou sortir sans conséquences."


Ricardo regarde le Fugitif avec une intensité nouvelle.


"Tu parlais de bascule… Je crois qu'Alex pense que ce complexe, cette métaphore, peut être le levier pour opérer ce changement. Pour renverser ce système, ou du moins pour montrer à quel point il est devenu absurde, dangereux même. En explorant cet endroit, en survivant à ses pièges, tu n'es pas seulement en train de naviguer dans un labyrinthe physique. Tu es en train de confronter l'essence même de ce qu'Alex combat. Et il te teste, en quelque sorte. Il veut voir si tu es capable de comprendre, de voir au-delà des murs et des machines."


Ricardo marque une pause, laissant les mots résonner entre eux.


"Mais fais attention… Cette 'bascule' dont il parle, ce n'est pas un simple changement. C'est une rupture, un point de non-retour. Si tu décides d'aller plus loin, de vraiment t'engager dans cette mission, tu pourrais découvrir des choses qui vont bien au-delà de ce que tu imagines. Es-tu prêt à affronter cette réalité ? Es-tu prêt à remettre en question tout ce que tu pensais savoir sur le monde, sur toi-même ?"


Ricardo observe le Fugitif avec une intensité qui ne laisse pas de place à l'évasion.


Fugitif : "J’adhère à la mission d’Alex. Mais, à propos de ce complexe, il m’a aussi dit que des biohackers hard s’y étaient réfugiés et que certains présentent des mutations importantes… Est-ce vrai?"


Ricardo Silva (hésitant un instant, le regard fuyant comme s'il cherchait les bons mots) : "C'est vrai… Et c'est l'une des parties les plus troublantes de ce complexe. Enazol, avec ses technologies avancées et ses ressources presque illimitées, a toujours attiré ceux qui cherchent à repousser les limites de ce qui est possible, même au-delà des frontières de l'éthique et de la biologie."


Il passe une main nerveuse sur son visage, comme pour chasser un souvenir désagréable.


"Les biohackers dont Alex t'a parlé… Ils sont ici depuis un moment. Ce ne sont pas de simples amateurs jouant avec des implants ou des modifications génétiques mineures. Ce sont des extrémistes, des 'hard' comme on les appelle. Ils ont utilisé les ressources et la technologie d'Enazol pour s'engager dans des expérimentations radicales, des manipulations génétiques qui dépassent tout ce que la surface a jamais vu."


Ricardo se penche légèrement vers le Fugitif, son ton devenant plus grave.


"Certains de ces biohackers ont franchi des seuils irréversibles. Ils ont altéré leur propre ADN, fusionné leur corps avec des machines, ou se sont exposés à des radiations ou à des substances inconnues qui ont provoqué des mutations importantes. Ce ne sont plus tout à fait des humains… du moins, pas comme toi et moi. Ils se voient comme les pionniers d'une nouvelle étape de l'évolution, mais ils sont aussi devenus des êtres profondément transformés, parfois méconnaissables."


Il prend une respiration, cherchant à calmer son propre trouble.


"Ces mutations… elles les ont changés, pas seulement physiquement, mais aussi mentalement. Certains sont devenus instables, dangereux, même pour eux-mêmes. Et ce qui est le plus effrayant, c'est que ces transformations semblent évoluer en permanence, comme si le complexe lui-même, influencé par l'IA, contribuait à accélérer ces changements. Ces biohackers ne sont plus des simples habitants d'Enazol, ils en sont presque devenus des extensions…"


Ricardo regarde le Fugitif avec une expression de sincérité mêlée d'inquiétude.


"Si tu croises ces êtres… fais attention. Certains pourraient encore être rationnels, d'autres… moins. Ils voient ce complexe comme leur sanctuaire, leur laboratoire, et ils ne réagiront pas bien à une intrusion, surtout d'un étranger. Mais je suppose que si tu adhères à la mission d'Alex, tu comprends déjà que ce que nous faisons ici dépasse le simple fait de survivre. Nous sommes en train de redéfinir les limites de l'humanité elle-même, pour le meilleur ou pour le pire."


Il recule légèrement, comme pour laisser au Fugitif le temps de digérer cette information.


"Alors, que penses-tu de tout cela ? Es-tu toujours prêt à aller plus loin dans cet endroit, en sachant ce que tu pourrais y trouver ?"


Fugitif : "Oui, je suis prêt. Je souhaiterais d’ailleurs continuer mon exploration. Comme t’as pu le voir, je porte sur moi un Glock 19 Gen 5. C’est Alex qui me l’a passé. Est-ce suffisant pour se protéger au sein du complexe?"


Ricardo Silva (observant le Glock 19 Gen 5 que le Fugitif tient) : "C'est une arme solide, fiable… Mais ici, dans le Complexe d'Enazol, rien n'est jamais aussi simple."


Il semble réfléchir un moment, évaluant les dangers potentiels que le Fugitif pourrait rencontrer.


"Le Glock 19 est une bonne arme à feu, mais ce complexe n'est pas seulement peuplé de menaces humaines. Les factions armées, les mercenaires, oui, pour eux, ça peut suffire. Mais les biohackers… certains d'entre eux ont des mutations qui rendent les armes conventionnelles moins efficaces, voire inutiles. Leurs corps ont été modifiés, renforcés. Certains ont une peau plus résistante, d'autres des réflexes amplifiés, voire des capacités sensorielles qui défient la logique."


Ricardo soupire, son visage marqué par la gravité de la situation.


"Ce n'est pas que ton Glock soit inutile, mais il faut être conscient de ses limites. Dans ce labyrinthe, tu pourrais te retrouver face à des situations où une balle ne suffira pas. La clé ici, c'est l'adaptabilité. Tu devras être rapide, rusé, et prêt à improviser. Parfois, il vaudra mieux éviter le combat direct, utiliser l'environnement à ton avantage, ou même essayer de négocier si la situation le permet."


Il jette un coup d'œil autour de lui, comme pour s'assurer qu'ils ne sont pas surveillés.


"Je ne te dis pas ça pour te décourager, mais pour que tu sois prêt. Le Glock est un bon outil pour te défendre, mais il ne te protégera pas de tout. Garde toujours un œil ouvert, sois prêt à courir si nécessaire, et surtout, ne sous-estime jamais ce que ce complexe peut te réserver."


Ricardo recule légèrement, laissant le Fugitif se préparer à reprendre son exploration.


"Si tu es prêt à continuer, sache que je ne serai jamais loin. Je connais ce complexe mieux que beaucoup, et je peux te guider si besoin. Mais fais attention… chaque pas dans cet endroit est un pari, et il vaut mieux être sûr de ses choix."


Il regarde le Fugitif, prêt à le voir partir dans les profondeurs du complexe.


"Bonne chance… et que la prudence soit ton alliée."

Commentaires

  1. Passionnant...mais un vrai " labyrinthe " de l esprit...pour tous...yvon

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    1. Merci, Yvon, pour votre fidèle suivi. Sachez que votre présence n'est pas passée inaperçue, même dans l'ombre du guetteur. Au nom du Collectif du Fugitif et de La Créativité dans les Marges, je vous exprime notre profonde gratitude pour votre soutien précieux.

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