6ème minisérie avec Alyssanne: rêves lucides
7ème minisérie avec Alyssanne : Rêves lucides
Le temps passe. Alyssanne voit ses journées défiler à essayer de détecter des indices qui pourraient faire avancer l’enquête tout comme Alexia Hoffer le lui a demandé via le téléphone sécurisé. Mais elle a beau être attentive au moindre détail qui pourrait s’avérer utile, rien de particulier. Les jours se ressemblent. Entre les traitements médicamenteux qu’elle reçoit matin et soir et les moments d’arthérapie avec Mélissa et Zdrou, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Et surtout, elle est enfermée au même étage ; ce n’est pas faute d’avoir testé plusieurs méthodes différentes pour déverrouiller la porte qui lui permettrait d’accéder aux autres niveaux. Régulièrement, elle a contact avec Alexia Hoffer pour l’aider à franchir cette porte mais cela semble décidément mission impossible, cette dernière est trop bien scellée. Mais heureusement, Alyssanne ne désespère pas.
Un matin, elle se réveille brusquement, le souffle coupé : son entité X, cette mystérieuse partie d’elle-même qu’elle ne maîtrise pas encore est parvenue à communiquer avec Patrick R. lui-même, l’homme dont la mort a vraisemblablement mené Clara à son emprisonnement à Enazol entre autres. Encore transpirante, elle attrape le téléphone sécurisé que lui a discrètement remis Alexia Hoffer, commissaire de police et confidente dans cette enquête insoluble.
Après quelques manipulations pour sécuriser l’appel, elle entend la voix familière d’Alexia. Alyssanne:
« Alexia, il faut que je te parle. J’ai fait un rêve… C’était étrange, comme si X, tu sais, cette entité qui m’habite, discutait avec Patrick R. lui-même. Ça me semble trop réel pour être une simple illusion. A mon avis c’est un signe. »
Alexia, toujours calme et pragmatique, l’écoute attentivement avant de lui prodiguer un conseil surprenant. « Ecoute, je pense que nous tenons là un élément de la plus haute importance. Cela veut dire que la nuit prochaine il faut que tu essaies d’entrer en rêve lucide. Tente de déclencher une autre interaction avec X, mais cette fois, essaie de le pousser à entrer en contact avec Clara. Je pense que X en est tout à fait capable. Et nous devons passer par cette étape-là avant de réessayer avec Patrick R.»
Alyssanne acquiesce docilement mais sans conviction.
Cependant, elle est soudainement interrompue par un bruit de pas approchant. La Dresse Dubois, sa psychiatre aux intentions douteuses, apparaît dans l’entrebâillement de la porte. Alyssanne cache à temps son téléphone sous sa couverture, se redressant avec un sourire forcé.
« Tout va bien, Alyssanne ? » demande la Dresse Dubois, son regard perçant scrutant l’ensemble de la pièce.
La jeune femme fait de son mieux pour paraître détendue. « Oui, oui… juste un peu de mal à digérer les repas en ce moment, c’est tout. » Elle sent la tension monter, la peur d’être découverte avec ce téléphone que Dourou, son chat fidèle, lui a permis de garder.
La psychiatre reste silencieuse un moment, puis sourit d’un air presque trop bienveillant comme à l’accoutumée. « Très bien, reposez-vous. N’oubliez pas notre réseau demain avec le professeur Liéreux et l’infirmière Odile Nespar. Nous avons beaucoup à aborder. » Elle quitte la pièce, mais Alyssanne sent bien que la Dresse reste quelques secondes à écouter derrière la porte de sa chambre. Elle attend que cette dernière tourne enfin les talons.
Soulagée mais toujours en alerte, elle prend une grande inspiration. La nuit prochaine, elle devra plonger plus profondément dans son subconscient, risquer une autre confrontation avec X, et surtout, trouver un moyen pour que cette entité puisse communiquer avec Clara dans le rêve. Ce sera une épreuve intense, elle le sait, mais si elle parvient à faire remonter des informations enfouies, cela pourrait bien être une des clés pour démêler les fils de cette sinistre affaire.
La nuit est tombée et, comme prévu, Alyssanne entre en rêve lucide. Elle sent sa conscience flotter, puis la présence familière mais énigmatique de X se manifeste en elle. Elle et X se retrouvent dans une salle sombre et indistincte. Soudain, une figure émerge de l’ombre : c’est Clara, le visage marqué par la fatigue et la peur.
Alyssanne est bouleversée de revoir Clara mais sans perdre une seconde elle laisse X prendre la parole d'une voix calme mais ferme : « Clara, enfin je te retrouve. C’est moi X, une des entités d’Alyssanne, tu peux me faire confiance ! »
Clara, hésitante et jetant des coups d’œil anxieux autour d’elle : « Oui… mais il faut que je sois prudente. Si je parle trop, je mets tout le monde en danger, y compris toi et Alyssanne. »
X (avec une insistance douce) : « Je comprends. Mais nous devons à tout prix avancer dans l’enquête. Alyssanne et moi sommes à Enazol et communiquons régulièrement avec Alexia Hoffer. Elle nous est d’une aide précieuse… et …et dis-moi, il y a une chose qu’Alyssanne voudrait savoir aussi. Tu as bien fait une tentative de suicide ? Que s’est-il passé ? »
Clara baisse les yeux, la voix brisée par une émotion contenue : « Ce n’était pas un choix libre. Je sais que tout le monde pense que j’ai tenté de mettre fin à mes jours… mais c’était lui. Le meurtrier de mon père. Il m’a manipulée, guidée, pour que… pour que je meure car j’en sais trop. »
X : « Lui ? Comment cela ? Que voulait-il t’empêcher de dire ? »
Clara secoue la tête, la panique montant dans son regard. « Je ne peux pas le dire, pas même ici, pas même à toi, X. Si son nom est prononcé, si quelqu’un du Collectif apprend ce que je sais, alors tout le monde sera en danger. Et cela pourrait même avoir plus de conséquences. »
X, d’une voix calme et posée : « Clara, ce secret doit être lourd à porter. Mais nous ne pouvons pas te laisser comme ça. Peux-tu nous donner des indices sur ta localisation ? Et peut-être nous aider à déverrouiller la porte du fond qui mène aux autres étages ?»
Clara prend une inspiration tremblante. « Oui je pense. Cela doit être lié au symbole de la Fleur de Lys. Je n’ai pas le temps de te dire comment je le sais. Après moi-même je ne sais pas à quel étage je suis. Le complexe est énorme vous le savez. Mais comme info, il y a des dessins de jongleurs sur toutes les portes. Parfois j’entends les médecins parler de jonglologie. Mais leur discours à ce sujet est très obscur, je ne comprends pas grand-chose. Il s’agirait d’une philosophie secrète liée à une méthode de traitement médicamenteux, enfin bref… Et il faut que je te parle de « Fuga » … cette assistance au suicide… ils l’utilisent ici pour nous briser psychologiquement. Ils me disent que c’est une option, que si je n’en peux plus, je peux… en finir, comme si c’était mon choix. Mais je sais que ce n’est qu’une autre manière de nous garder silencieux. Ils n’ont pas réussi à me tuer directement, alors ils essaient de m’y pousser, de m’affaiblir. »
X reste silencieux un instant, absorbant ces révélations passablement indigestes. Puis, d’une voix rassurante, il murmure : « Clara, tu n’es pas seule alors ? Il y en a d’autres qui sont incarcérés avec toi ? On va trouver un moyen de tous vous sortir de là. Et justice on rendra ! »
Clara, les yeux brillants d’un espoir incertain : « Oui on est plusieurs. On s’entraide comme on peut en attendant et je te fais confiance, X… mais promets-moi une chose. Si les autres et moi ne parviennent pas à sortir, fais en sorte que tout le monde reste protégé. Ce que je sais, ce secret… il ne doit jamais être dit, pas même au Collectif du Fugitif. »
X : « Je te le promets, Clara. Mais nous trouverons tout de même un moyen de le savoir. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre la vérité éclate au grand jour…ah …je…je …je sens que je dois te laisser et retourner à la réalité. Je reviendrai Clara… »
Alors que la vision s’estompe et qu’Alyssanne reprend conscience en ayant l’impression simultanée que X n’est plus en elle, elle garde ancré en elle le visage de Clara, résolu mais empreint de désespoir. La vérité se dessine lentement mais elle sait que le moindre faux pas pourrait mettre en péril bien plus que le collectif du Fugitif.
A suivre.
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