8e minisérie avec Clara " Visite de Dourou à Clara"

 

Le récit se poursuit du point de vue de Clara…

Clara, comme Alyssanne, est incarcérée à Enazol, sans savoir précisément où elle se trouve. Depuis plusieurs heures, elle est allongée, immobile sur son lit, le regard fixé sur le plafond dans la pénombre de sa chambre. Son esprit est tourmenté par le rêve avec Alyssanne et son entité X… 

Un léger bruit interrompt ses pensées. Un grattement discret résonne dans la pièce suivi d'une ombre qui glisse silencieusement à l'entrée. Clara redresse la tête, les sens en alerte. Une silhouette apparaît dans l’obscurité : c’est Dourou, le chat d’Alyssanne. Agile, il bondit sur le lit et dépose un smartphone devant elle.

Intriguée, Clara fronce les sourcils. L’appareil est déjà allumé, un message affiché sur l’écran :

« Salut Clara, c’est Alyssanne. Voici mon chat Dourou qui t’apporte ce smartphone. Cet appareil est crypté, il nous permettra de communiquer en toute discrétion. Alexia Hoffer, qui enquête sur le meurtre de ton père nous est d’un soutien précieux. Nous devons lui transmettre à tout prix tout indice pouvant nous aider à nous évader et à trouver le ou les coupables du meurtre de ton père, Patrick R. »

Trois icônes  captent l’attention de Clara : Le Fugitif, Le Fighter, et Le Freezer. Confuse, elle cherche Dourou des yeux pour obtenir une explication de sa part mais le chat a disparu furtivement.

Elle effleure l’écran, hésitant. Ces icônes lui font penser aux choix de survie que l'on connaît bien en psychologie : fuir, combattre, ou se figer. Mais que signifie tout cela sur le smartphone? Alors qu’elle s’interroge intensément, un nouveau message surgit :

« Vous ne pourrez avancer que lorsque vous aurez accepté votre rôle dans le jeu. » L'expéditeur n'apparaît pas clairement. Clara distingue à peine une suite de chiffre barrés.

Clara murmure pour elle-même, abasourdie : « Mon rôle ? Quel jeu ? »

Une sensation étrange l’envahit, comme si quelqu’un ou quelque chose l’observait, attendant qu’elle prenne une décision. Mais elle secoue la tête pour chasser cette idée paranoïaque. 

Au moment où elle tente d’interagir avec une icône, rien ne se produit. Soudain, trois nouvelles applications apparaissent. Celles-ci ne portent pas de titres génériques, mais des noms : Claire Lysander, Milo Renn, et La Chamane. Ces noms résonnent en elle comme des échos vaguement familiers.

Déconcertée, Clara envoie un message à Alyssanne :

« Alyssanne, il y a maintenant trois autres applications avec des noms : Claire Lysander, Milo Renn, et La Chamane. Tu sais ce que cela signifie ? »

La réponse d’Alyssanne ne tarde pas :

« Ces noms… Je crois que je sais ce que ça veut dire. Je pense qu’ils représentent mes autres alters que je nommais entités avant d'apprendre mon TDI.»

Clara, curieuse, poursuit :

« Tes alters ? Comme X ? Alors on peut considérer que ce sont des fragments de toi ? »

 Alyssanne répond :

« Oui, Clara. Et je ressens clairement leur présence. Ces noms ne me sont pas étrangers. Claire Lysander, Milo Renn, et La Chamane… ce sont bien des parts de moi. Et si X a raison, ils pourraient être aussi des PNJ du jeu « Le Fugitif ». » 

Clara médite sur ces révélations tandis qu’un frisson d’adrénaline parcourt son échine. 

Tout à coup on toque à la porte. Clara se dépêche de dissimuler le smartphone sous son oreiller. Odile Nespar, l’infirmière, entre pour lui donner sa médication du soir.

Complexe souterrain d’Enazol, deux jours plus tard; on est dans une salle exiguë, faiblement éclairée où Clara est seule à  parcourir les informations sur l’application RTS Info: il y a bientôt une votation qui concerne quatre objets sur lesquels les Suisses doivent se prononcer le 24 novembre. Il s’agit de questions touchant aux loyers, à l’élargissement des routes nationales et à l’assurance maladie. Sous une autre rubrique, elle constate avec désarrois que la guerre entre la Russie et l’Ukraine ne semble décidément pas vouloir s’arrêter. A ce moment, elle se dit qu’elle peut relativiser par rapport à ce qui lui arrive car être sous les bombes constamment doit être bien pire!
Brusquement, la lumière froide des néons clignote au plafond. Une femme qu'elle distingue à peine à la chevelure blonde habillée avec une robe rose fluo apparaît. Elle se présente en tant que Claire Lysander, une des alters d’Alyssanne.
Claire Lysander : ...Je suis là pour venir te révéler quelque chose de crucial.
Clara, sur la défensive: Comment savoir si c'est bien toi? Et pourquoi devrais-je t’écouter ? Es-tu seulement bien réelle ? 
Claire Lysander avec insistance : Parce que ce que j’ai à te dire concerne ton père, Patrick. Et c’est essentiel que tu le saches.
Clara se fige, son souffle coupé à l’évocation de son père.
Clara : Mon père ? Quoi… Qu’est-ce que tu sais sur lui ?
Claire Lysander : Clara, ton père a bien été assassiné et ce meurtre a été commandité par un membre du Collectif de la Fleur de Lys.
Clara (prenant un temps pour digérer l'information) : Mais pourquoi?
Claire Lysander : Parce qu'il s’opposait fermement au Revenu universel. Le Collectif ne pouvait tolérer une telle opposition. Ils ont vu en lui une menace directe à leurs projets.
Clara reste silencieuse, sa respiration s’accélérant. Les larmes montent à ses yeux au souvenir de son père.
Clara : Pourquoi… Pourquoi s’opposait-il au Revenu universel ? Ce projet est censé aider les gens, non ? 
Claire Lysander : Parce qu’il savait que ce n’était qu’une façade en fait. Ton père comprenait que derrière cette idée d’égalité se cachait un contrôle total sur la société. Il s’est battu contre cela. Et il a payé le prix ultime. Les détails je ne les connais pas mais ce sera à Alexia Hoffer d'enquêter là-dessus.
Clara tremble, choquée et en même temps sent la colère monter.
Clara : Alors ils l’ont tué… pour des idéaux corrompus ? Et maintenant, ils m’ont enfermée ici parce qu’ils pensent que je sais quelque chose ? Mais quel est le rapport avec les expérimentations qu'ils font sur nous. Est-ce que tout ça est en lien?
Claire Lysander : Oui. Je n'ai pas encore toutes les cartes en mains pour savoir le pourquoi du comment mais là tu as maintenant une nouvelle arme : la vérité. Et tu n’es pas seule. Alyssanne est là pour toi, même si elle ne sait pas encore tout. Tu dois lui transmettre ce que je viens de te dire. Elle saura petit à petit  quoi faire.
Clara : Ok. Mais...comment se fait-il que tu ne te sois pas adressée à Alyssanne tout d’abord puisque tu es son alter ?
Claire Lysander : Je n’ai pas réussi. Il y a eu un blocage qui doit être en lien avec la médication qu’elle reçoit…ou encore par rapport à des artefacts subtils d'origine technologique que je n’ai pas saisi. Mais Clara, ne perds pas de temps, il faut que tu communiques cette information cruciale à Alyssanne. Elle doit aussi le savoir. Et là, je vais devoir te laisser, il y a des énergies qui m’empêchent de rester …  Sur ce, Claire Lysander disparaît comme elle était arrivée.
Clara  s’empresse donc d’envoyer le message à Alyssanne.
A l’autre bout d’Enazol (on ne sait toujours pas où !) Alyssanne réceptionne le message.
Alyssanne : Claire ? Elle t’a parlé ? Mais comment ? Qu’a-t-elle dit ? 
Clara: Elle m’a révélé la vérité sur la mort de mon père. Il a été tué par un membre du Collectif de la Fleur de Lys. Ils l’ont éliminé parce qu’il s’opposait au Revenu universel.
Alyssanne reste sans voix, une lueur de compréhension et en même temps de colère traversant son regard.
Alyssanne : Le Collectif… Bien sûr. Tout commence à s’emboîter. Les inscriptions de fleur de lys sur les portes. Tout est intriqué. Clara, nous devons prévenir Alexia Hoffer. Elle peut faire quelque chose avec son équipe et enfin nous sortir de là. La Dresse Dubois doit être de mèche avec le Collectif de la Fleur de Lys.
Clara : Mais comment ? Nous sommes coincées ici. Et ce lieu… c’est un labyrinthe sans fin.
Alyssanne: Voyons, nous avons plus d'une corde à notre arc: Dourou, mon chat, nous a déjà aidées à plusieurs reprises. Il le refera, j'en suis absolument sûre.

La scène se termine sur une lueur d’espoir fragile mais tenace entre Clara et Alyssanne. Les deux femmes, bien que piégées, savent qu'elles disposent d'une information capitale malgré le fait qu'elle puisse être aussi à double tranchant.